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Présentation de l’orgue historique Théodore PUGET

de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Lavelanet (1867)

 

Si la famille PUGET a construit de très nombreux instruments sur une durée de trois générations se succédant de 1799 à 1960, chaque époque n’a pas toujours laissé des instruments, d’importances variées, dans leur état d’origine (1). L’orgue de Lavelanet, inauguré le 20 janvier 1867, présente une évolution caractéristique dans la facture des PUGET et même plus généralement dans la facture du sud-ouest et de notre pays. A cette époque Eugène prend de plus en plus d’importance dans la manufacture « Théodore Puget et fils » et il réalise ici un instrument entièrement expressif (2) permettant de nuancer l’accompagnement du chant mais aussi d’obtenir une grande variété d’effets sonores propres à faire « éprouver des sensations nouvelles, inconnues. » (3)

Les compositeurs romantiques appellent de tous leurs vœux un orgue qui permette ces  variations d’intensité et de timbres en « fondu-enchaîné » alors que l’orgue des siècles précédents fonctionnait plutôt sur les oppositions des timbres et des localisations sonores des jeux propres à chaque clavier. Eugène, un des neuf enfants de Théodore, avait la réputation, en plus de son talent d’organiste, d’un excellent harmoniste. Il a réalisé à Lavelanet un instrument qui allie « une grande puissance … une entière plénitude sonore » et « une agréable diversité de timbres. » (3)

L’orgue de Lavelanet se situe encore à cette période charnière, déjà dépassée à d’autres endroits, entre l’apogée de l’orgue classique qui disparaît pratiquement emporté avec la Révolution et l’orgue romantique puis symphonique qui aura toutes les faveurs jusqu’à la dernière guerre mondiale. Le jeu de basson-hautbois est très révélateur à cet égard : les aigus (hautbois) sonnent très classiquement à la manière de l’instrument à anche baroque (« gracieux et léger »), tandis que la basse (basson), absente dans les orgues classiques, sonne plus ronde et sombre. De même, toute la construction de l’orgue (sommiers, mécanique) relève des techniques classiques, si ce n’est la console tournée vers le chœur et la soufflerie (réservoirs à tables parallèles au lieu de cunéiformes). L’évolution se manifeste aussi par un clavier de récit entier : sur des instruments de même importance, les autres facteurs de l’époque gardaient souvent l’étendue classique (à partir des 2° mi ou sol par exemple). Evolution tout de même dans la tessiture des jeux plus orientée vers le grave (un jeu de 16 pieds et huit jeux de 8 pieds sur douze) et aussi la forte proportion de jeux d’anches (un tiers). Notons toutefois un prestant 4 et une doublette 2 très présents (celle-ci coupée au ton comme à l’époque classique, comme certaines autres parties de jeux d’ailleurs).

 

 

(1) Théodore PUGET (1801-1883), né à Montréal d’Aude, fut le fondateur de la manufacture. Il s’installa en 1834 à Toulouse après avoir appris la facture d’orgues avec Prosper Moitessier. Cinq de ses neuf enfants pratiqueront le même métier que lui : François (1825-1854), Baptiste (1826- 1899), Maurice (1835- 1864), Eugène (1838–1892), Jean-Baptiste (1849-1940). Eugène mourut à Lavelanet en effectuant un entretien de l’orgue. Le dernier organier de la branche fut Maurice (1894-1960), fils de Jean-Baptiste, installé aussi à Toulouse.

(2) Dans un orgue expressif les tuyaux sont enfermés dans une très grande boîte en bois, close, avec des volets sur une ou plusieurs faces, actionnés d’une pédale par l’organiste, pour permettre, suivant leur degré d’ouverture ou leur fermeture, une variation de l’intensité sonore.

(3) Article de Hector Joly relatant l’inauguration de l’orgue dans le « Journal de Toulouse » du 27 janvier 1867.

 

 

Composition de l’orgue

 

Clavier de grand-orgue (54 notes)                 Récit (54 notes)

Bourdon 16 (basses et dessus)                      Bourdon 8

Flûte harmonique 8                                        Gambe 8

Prestant 4                                                       Voix céleste 8

Doublette 2                                                    Gambe 4

Trompette 8                                                   Basson-hautbois 8

Clairon 4                                                        Voix humaine 8

 

Pédalier : 20 notes. Sans jeu propre

 

Combinaisons : accouplement Récit/Grand-orgue, tirasse grand-orgue, tirasse récit, trémolo

Orgue entièrement expressif

 

Coupure basses et dessus du bourdon 16 du GO entre sol 2 et la 2 (cf. étendue du pédalier : do 1 à sol 2)

 

 

 

Les volets de la boîte expressive au fond

 

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